" Marie Impie" de Denise Gouverneur, mise en scène Gisèle Sallin,Centre Dramatique Fribourgeois, Suisse

La scénographie.


Marie vit dans un univers sans issues: enfermée dans sa condition de femme mariée, mère de famille nombreuse, dans un milieu très modeste…

Mais cet enfermement est purement mental. Car le texte suggère une multiplicité de portes et fenêtres, qu'on retrouve dans la scénographie :

Marie ne peut en sortir que par le rêve.

Les murs sont effacés jusqu'à disparaître totalement par endroits, de telle sorte que les ouvertures ont l'air de flotter dans un espace onirique.

Cet espace, ce petit appartement modeste, est encombré par les tâches ménagères : linge à laver / pas lavé, à repasser / pas repassé,

vêtements et jouets d'enfants à ranger / pas rangés. La poussière (pas le temps d’aspirer) s'est accumulée exagérément de façon surréaliste

jusqu'à transformer l'appartement en bac à sable pour enfants et faire penser aux plages des îles lointaines dont rêve Marie!

A la lecture du texte, on a la sensation que l'écriture dramatique fonctionne de façon impressionniste, par vibrations des répliques d'un personnage

avec celles d'un autre. Les personnages ne dialoguent pas vraiment : ils expriment leurs pensées, leurs phantasmes, leurs convictions,

leurs conventions, en rails parallèles provoquant des frictions et parfois des étincelles quand deux rails se croisent.

Pour cette raison, je me suis inspiré de certains peintres de la fin du XIXème et du début XXème

tels que Manet, Cézanne, Renoir, Monet, mais surtout de deux peintres femmes qui ont fait beaucoup de portraits intimistes de femmes,

de mères et d'enfants : Berthe Morisot et Mary Cassatt.

Le décor n'est pas naturaliste (absence de murs). Et les portes, les fenêtres, les meubles et les accessoires réalistes (concrets) par leurs formes,

sont en quelque sorte « déréalisés » par l'application d'une peinture de style impressionniste.

Autant de petites touches pour traduire en espace l’écriture onirique de « Marie impie ».

 

photos du spectacle: Isabelle Daccord

retour